L'ADN D’AENA
Photo © Vincent de Marly
LE CHEMIN VERS "SOIE"
Tout comme les vêtements doivent incarner, raconter, et finalement nous sublimer, mon histoire est celle d'une histoire… comme les murs qui m'entourent et m'habillent peuvent seuls la raconter.
Chez moi, tout ce qui se trouve dans mon salon parle de mon histoire, qui, en perpétuel reflet sur elle-même, s'incarne dans chaque pièce et ses innombrables détails… Des chandeliers aux assiettes, des tableaux aux vêtements (est-ce qu'ici les vêtements sont dans le salon ? Oui, ils y sont, aussi ! Puisqu'ils sont également un peu partout ailleurs). Mon histoire s'inscrit des photos aux livres d’art, des fleurs aux épices déposées dans leurs vasques dormantes, des bijoux laissés négligemment sur mon lit, au chat qui y dort, perdu dans ses rêves et son lancinant ronronnement.
À l'instant même où j’écris ces lignes pour me dépeindre un peu, il est bien au-delà de minuit, et en avalant une dernière cuillère de fruits, mûres, groseilles, grenades, je comprends que l’histoire des lieux qui nous entourent est une variante de notre quotidien. On l’habille avec le tempérament de nos humeurs, et plus sûrement encore avec ses envies d’y vivre.
Éparpillés sur le sol, j'observe les quelques clichés de notre dernière séance photo pour AENA.
Il y a quelque chose qui s'opère et que j’adore lors d'un shooting, c’est ce changement de regard, quand le modèle s'aperçoit sur la pellicule… et qu'elle sourit, qu'elle se sourit. Le moment est magique, quand à travers ce "je" de miroirs, dans l'instant ainsi immortalisé, l'instantané devient magnifique… et que, pour chacun, regarder cette image, c’est aussi lui sourire.
De même, je souhaite retrouver sur le visage des femmes qui porteront mes créations la joie d’exprimer puis d'affirmer l’univers AENA, celui fait d'un certain chic, qui dans ses moindres détails, le tombé, la longueur, la bretelle, l’échancrure, est pensé pour ne pas se voir, et ainsi, encore mieux nous dévoiler, à travers une véritable élégance.
J’ai voulu des vêtements à la fois minimalistes et sophistiqués, de pièces au toucher assuré et sensuel, j'ai eu envie d’avoir sur "soie", et grâce à elle, une impression de fragrance que la main caresse, une sensation de liberté, celle de pouvoir choisir de s'habiller comme de se vêtir. J’ai souhaité créer un vêtement coup de foudre, celui que l'on remarque et qui laisse un sillage sur son passage, comme le vaisseau du glamour laissera dans l'écume des jours, ses marques sur l'océan blanc, toujours troublant, de nos derniers amours.
DÉVOILER UN PEU PLUS DE SOI
Comment parler d’une « création française » sans que la chose devienne trop rigide ni austère, mais bien au contraire, en gardant toute la légèreté qui s'impose d'elle-même ? Peut-être en révélant que toutes les personnes qui travaillent avec moi sur ce projet me sont devenues très proches. Au sens propre comme au figuré puisque l’atelier se trouve aux portes de Paris, et qu'il s’est investi sans retenue dans cette aventure, partageant avec moi une même vision, intemporelle, celle du vrai chic parisien, en un mot, l'adn d'AENA.
J’ai créé cette marque à Paris, alors même que je ne suis pas Française. Mais après avoir passé tant d'années de ma vie en France, je me sens parisienne. Et en devenant le reflet de mes envies les plus profondes, AENA, de la fibre de ses vêtements jusqu'à ses packaging est, et se revendique, française… "jusqu'au bout des ongles". L’émotion de ces mots n’est pas feinte, la plus belle manière de ressentir Paris tout au fond de soi a été, évidemment, de se laisser porter par son charme enivrant, et, comme en hommage, dans un élan incontournable, par un simple et juste retour des choses, d'avoir eu envie d’y créer.
Là, et nulle part ailleurs.
Dans ce mouvement de création, Paris est un festival. Je me souviens, les débuts, je me glissais dans les défilés, j’explorais et découvrais la beauté non dissimulée affleurant partout, dans les rues, les quartiers, leurs façades, à chaque détour des terrasses de cafés, la beauté était ici et en elle-même comme "dans son jus", son essence, et devenait en soi une seule et même évidence.
La « Parisienne » dont j’avais rêvé, celle que j'avais aperçue à l’étranger, prenait enfin vie, forme et s'animait devant mes yeux. C’était le temps des soirées, des partages jusqu'au bout de la nuit, le temps un rien insouciant des premières années, et, en quelque sorte, le temps du bonheur…
L'histoire s'est écrite, au fil des années d’apprentissage de la langue, quand peu à peu ma motivation d’exister en tant qu'étrangère se sentant toujours de plus en plus Française, s’affirmait, et que naissait en moi la volonté d’être, de créer, et de rester ici, au cœur de Paris pour une vie toute entière.
J'espère, avec mes créations, vous donnez l'envie folle de vous habiller, d'oser, d'être vous-même, d'être femme, d'être toujours plus belle, de vous porter en les portant tout aussi longtemps, et pourquoi pas, davantage encore !
Nina Laetitia Horvath